Ce troisième volume* de la série De l’art des fous à l’œuvre d’art, consacrée à la Collection Sainte-Anne, est le fruit de nombreuses années de recherches systématiques menées au Centre d’Étude de l’Expression. Faisant suite à la présentation générale du fonds (vol. 1) puis aux œuvres du début du XXe siècle (1900-1939, Du réalisme au fantastique, vol. 2), Une collection venue d’ailleurs couvre les années 1939-1950. Ce catalogue raisonné aborde une période clé dans l’histoire des mouvements artistiques qui l’ont animée, avec la naissance du concept de l’art brut, et celle de la notion d’art psychopathologique. L’année 1950 est celle de la 1ère Exposition internationale d’Art psychopathologique, et des nombreux dons qui s’ensuivirent, venus de Brésil, de l’Inde et d’ailleurs. Certains artistes furent très étudiés, très en lumière d’autres sont restés dans l’ombre jusqu’à ces dernières années comme Brédier, Martin, Fikaite. La raison de ce manque de documents et de renseignements les concernant n’est certainement pas leur moindre qualité esthétique ou graphique. Ce sont peut-être au contraire ces qualités et la distance conceptuelle avec les œuvres d’art brut, qui les ont longtemps laissés dans l’oubli. À cette époque les thèses de Dubuffet étaient au premier rang des discours qui étaient tenus sur ce type de productions artistiques. Présenter la Collection Sainte-Anne au travers d’une démarche chronologique et documentaire répond à la nécessité de situer les productions qui la constituent dans une double histoire : l’histoire de ces artistes, dont il ne reste parfois que quelques éléments biographiques, et celle de l’histoire de l’art dans laquelle, envers et contre toute idée reçue, ils s’inscrivent le plus souvent.